Phylactère n°1
« La littérature est une forme déchue de la prière, la prière d’un monde sans Dieu. On écrit comme jadis on s’adressait à quelqu’un, à un autre qu’autrui, à une grande instance fantasmatique mais comblante, qu’on appelait Dieu. Le grand Tiers. Ce matin, je lisais cette phrase dans un de mes carnets, je ne sais plus si elle est de moi : « Dieu existe car il est le dédicataire de l’art ». Elle me semble plutôt sonner comme du Malraux » (Pierre Michon, Le Roi vient quand il veut. Propos sur la littérature, Albin Michel, 2007, p.29).
Je trouve ici beaucoup d’idées qui me sont chères : l’idée d’une précarité de la littérature, l’entremêlement des voix – est-ce moi qui parle ou Malraux ? -, l’adresse implicite à un Dieu présent-absent, désiré-fuyant, la pensée qui danse autour de son objet, le laisse entrevoir en lui conservant son aura sans prétendre le fixer ou l’exhiber.
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