L’expérience intérieure
Parler d’expérience intérieure, c’est référer à la pensée de Georges Bataille qui la définit d’une manière qui m’a toujours exalté comme mue par la nécessité de mettre tout en cause ou en question sans repos admissible. Il l’associe à l’idée d’un dénudement, d’une mise à l’épreuve de ce qu’un homme peut savoir du fait d’exister. Et dans cette expérience, nous nous confrontons à l’inconnu – cette présence qui n’est distincte en rien d’une absence. L’expérience intérieure implique une grande discipline ainsi qu’une vigilance sans relâche. Elle exige que nous soyons attentifs à ce qui se joue dans les recoins les plus ténus de notre conscience, dans les terres inconnues que nous portons comme dans les territoires fascinants de l’altérité. Lire, pour moi, a fini par se confondre avec cette expérience intérieure dont Georges Bataille nous dit qu’elle est la seule autorité qui vaille – en elle-même et par elle-même. Et, comme lecteur, je n’ai pas de phylactère plus intime que celui-ci : « Nous ne sommes totalement mis à nu qu’en allant sans tricher à l’inconnu. C’est la part d’inconnu qui donne à l’expérience de Dieu – ou du poétique – leur grande autorité. Mais l’inconnu exige à la fin l’empire sans partage » (L’Expérience intérieure, Gallimard, collection TEL, 1943, p.17).
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